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Communications

Des soins à donner aux enfants nés avant terme.
[Care for preterm infants]

Par M. S. Tarnier.

Bull. Acad. Med. (Paris) 14:944-954, 1885.

[Original French]

Messieurs, Tout le monde sait que les enfants nés avant terme meurent en grand nombre, et que, pour avoir quelque chance de les faire vivre, on doit les entourer de soins particuliers, en tête desquels il faut placer une température relativement élevéc et une bonne réglementation de l’alimentation. A ces soins, qui ont été très bien décrits dans un excellent mémoire publié sur ce sujet par notre collègue M. Guéniot, j’ai ajouté deux nouveaux moyens: l’emploi d’une couveuse et le gavage, qui ont été l’un et l’autre mis à profit pour les deux enfants que je présente aujourd-hui à l’Académie.

La couveuse, dont l’emploi remonte à plusieurs années, a fait ses preuves, et elle est assez connue pour que je sois dispensé de la décrire. Les enfants que j’y place y sont maintenus à une température que j’ai fait varier, suivant les sujets, de 30 à 37 degrés centigrades, et qui est d’autant plus haute que l’enfant est plus faible. Je ne suis pas encore en mesure de préciser quelle est la meilleure température; cependant je dois dire que je porte habituellement la température à 32 degrés. — Les enfants mis dans la couveuse y restent un temps variable, depuis quelques jours seulement jusqu’à six semaines. On les en retire momentanément chaque fois qu’on veut leur donner des soins de propreté ou les allaiter. Ces soins hors de la couveuse m’avaient, au début, fait craindre des refroidissements nuisibles pour les enfants, mais je n’ai jamais rien observé de semblable.

A l’emploi de la couveuse, j’ai ajouté le gavage. Après quelques tentatives que j’avais d’abord faites de loin en loin, le gavage a été régulièrement mis en usage à la Maternité de Paris, depuis le mois d’octobre de l’année dernière, et j’en ai déjà fait bénéficier un assez grand nombre d’enfants nés avant terme.

Pour pratiquer ce gavage, je me sers d’un appareil qui est un diminutif de celui que le docteur Faucher emploie pour les adultes. L’appareil de gavage pour les enfants se compose tout simplement d’une sonde uréthrale en caoutchouc rouge (no 16 de la filière de Charrière). Au bout de cette sonde on ajuste une cupule en verre qu’on trouve chez tous les fabricants d’instruments de chirurgie et chez tous les herboristes, où elle est vendue comme bout de sein artificiel sous le nom de mon excellent ami le docteur Bailly. — Avec ce petit appareil, que chacun peut improviser, rien n’est plus aisé que de gaver un enfant: Celui-ci étant placé sur les genoux de la personne qui va procéder au gavage, la tête légèrement soulevée, la sonde est mouillée, puis introduite jusqu’à la base de la langue, et l’enfant par des mouvements instinctifs de déglutition la fait pénètrer jusqu’à l’entrée de l’œsophage; on pousse alors doucement la sonde pour lui faire parcourir toute la longueur de l’œsophage, où elle chemine très facilement. Après un trajet de 15 centimètres environ, y compris la bouche et l’œsophage, l’extrémité de cette sonde arrive dans l’estomac; on verse alors le liquide alimentaire dans la cupule et bientôt celui-ci, par sa pesanteur, péntètre dans l’estomac et la cupule se vide ainsi que la sonde qui lui fait suite. Après quelques instants on retire la sonde, mais il faut le fair par un mouvement rapide car, si l’on procédait lentement, le liquide alimentaire suivrait la sonde et serait rejeté par régurgitation.

Quel aliment doit-on choisir pour le gavage des enfants? J’ai essayé le lait d’ânesse pur ou coupé soit avec de l’eau sucrée, soit avec du bouillon de viande de boucherie; j’ai obtenu ainsi quelque succès, mais je crois, cela ne vous étonnera pas, que la lait de femme est encore préférable, et la nourrice en pressant son sein peut faire couler directement son lait dans la cupule de verre.

Combien de fois faut-il gaver l’enfant en vingt-quatre heures? Quelle quantité de lait faut-il faire pénétrer dans l’estomac à chaque gavage? Malheureusement il m’est impossible de reépondre à ces questions d’une façon précise, car le nombre des repas et la quantité de lait ingéré doivent varier avec l’âge et les forces de l’enfant, aussi bien au début que pendant le cours de l’allaitement par le gavage. Je dirai dans quelques instants comment ces questions ont été cliniquement résolues pour les deux enfants que vous avez sous les yeux. Mais si j’avais à établir une règle générale, je la formulerais ainsi: Les repas seront d’autant plus nombreux et la quantité de lait ingéré à chaque gavage sera d’autant plus petite que l’enfant sera plus jeune et plus faible. — Huit grammes de lait suffisent pour un gavage lorsque l’enfant est très petit et qu’il est né loin du terme de la grossesse. [1]

Avec des gavages trop copieux, il se produit un phénomène très curieux: l’enfant augmente rapidement de volume et de poids, mais cette augmentation est due à un œdème considérable de tout le corps de l’enfant. Comme cet œdème disparaît rapidement avec une alimentation plus modérée, je crois qu’on pent l’expliquer par une hypernutrition. Mais si, au lieu de diminuer la quantité du liquide alimentaire, on la maintenait, et surtout si on l’augmentait, on ne tarderait pas à observer des indigestions, et les enfants succomberaient avec de la gastrite et de l’entérite. Là est le danger le plus grand. Pour réussir, il faut que le lait soit ingéré en petite quantité à chaque repas, sauf à multiplier les repas.

L’enfant que j’ai l’honneur de vous présenter est une jumelle née le 8 juin dernier. Elle est restée dans la couveuse du 8 juin au 20 juillet, c’est-à-dire pendant six semaines.

Voici comment son alimentation a été conduite: Du 8 au 12 juin, elle a été gavée toutes les heures avec 8 grammes de lait de femme par gavage. — Du 12 juin au 5 juillet, elle a été gavée toutes les trois heures avec 16 grammes de lait de femme par gavage. Dans l’intervalle de deux gavages, la nourrice lui faisait couler du lait dans la bouch; mais on sait combien il est difficile d’apprécier la quantité de lait ingére dans ces conditions, car les enfants avalent mal et crachent une partie du lait qu’on leur fait couler dans la bouche. Il en est à peu près de même quand on veut faire ingérer le lait au moyen d’une petite cuiller. — A partir du 5 juillet, l’enfant a tété et n’a plus été gavé.

Le poids initial de cet enfant était de 1020 grammes, mais il diminua jusqu’au 29 juin, où il n’était que de 850 grammes; à partir de ce moment, il remonta progressivement, et l’enfant pèse aujourd-hui 955 grammes. Ces différents poids sont indiqués jour par jour sur le tracé graphique que je mets sous vos yeux.

Vous me demanderez de combien la mère de cette jumelle était enceinte quand elle est accouchée. A ce sujet, je ne sais rien de précis et je ne puis rien affirmer, car les questions de ce genre sont toujours très difficiles à résoudre, et, quelle que soit la solution adoptée, on peut toujours y opposer quelque doute. Tout ce que je peux dire, c’est que la femme a répété à plusieurs reprises qu’elle était à peine enceinte de six mois. Mais c’est là une simple assertion. Toujours est-il que l’enfant ne pesait que 1020 grammes, que sa peau était rouge, à moitié transparente, que ses tissus avaient une consistance gélatineuse. Tous ses caractères concordent et me font penser que cette enfant avait environ six mois quand elle est née. Mais, je le répète, sur ce point je ne peux rien affirmer de précis.

L’autre jumelle de cette femme a été placée dans la couveuse, où elle est restée jusqu’à sa mort. Elle a été nourrie exactement comme sa sœur, dont je viens de tracer Phistoire. A sa naissance, le 8 juin, elle pesait 1105 grammes, c’est-à-dire 85 grammes de plus que sa sœur; puis son poids est tombé à 1015 grammes, et cette julle a succombé le 3 juillet, après avoir vécu vingt-cinq jours. A son autopsie, on n’a trouvé aucune lésion appréciable. Il m’est impossible de dire pourquoi cette jumelle a succombé, tandis que l’autre, la plus petite, a survécu.

Le second enfant que je vous présente est né à Paris, en ville, chez ses parents, qui l’ont gardé pendant trois jours en lui faisant boire un peu d’eau sucrée. Au bout de ce temp, le médicin de la famille ayant déclaré que cet enfant ne s’élèverait pas si on ne le plaçait pas dans une couveuse, il fut apporté à la Maternité, où il entra le 23 mai de cette année. Il fut placé dans la couveuse, où il resta jusqu’au 5 juillet, c’est-à-dire pendant quarante-deux jours.

Du 23 mai au 12 juin, il fit un repas toutes les heures: à toutes les heures impaires, il était gavé avec 8 grammes de lait de femme; à toutes les heures pairs, une nourrice loui faisait couler du lait dans la bouche. A partir du 12 juin, il commença à téter, mais pendant deux jours encore on continua à le gaver quatre fois par vingt-quatre heures. Je dois dire pourquoi le gavage a été continué, alors que l’enfant pouvait téter: c’est que la succion du mamelon fatigue certains enfants, et que les tétées seraient bientôt insuffisantes; que ces enfants finiraient par s’engourdir et mourir de faim, si on n’avait pas la précaution d’entretenir et de raviver leurs forces au moyen du gavage pratiqué de temps en temps. — A partir du 14 juin, l’enfant dont il est question ici a pu téter d’une manière satisfaisante, sans avoir besoin d’ètre gavé.

Au moment de son entrée à la Maternité, trois jours après sa naissance, cet enfant pesait 1100 grammes. Son poids descendit à 1000 grammes, puis il remonta progressivement; il est aujourd’hui de 1500 grammes.

Les parents de cet enfant affirment qu’au moment de sa naissance il ne pouvait pas avoid plus de six mois et une semains de vie intra-utérine. Le poids de l’enfant et son apparence me font penser que cette appréciation est probablement exacte.

Je suis convaincu que les deux enfants que vous voyez doivent la vie à la couveuse et au gavage, et je pense qu’avec ces deux moyenson parviendra à sauver bon nombre d’enfants qui, sans eux, auraient succombé. Mais au bout de combien de temps de vie intra-utérine un enfant né avant terme peut-il avoir quelques chances d’être élevé? La loi française admet qu’un fœtus est viable à partir de la fin du sixième mois de la vie intra-utérine (180 jours). Les accoucheurs au contraire professaient il y a peu le temps encore, je pourrais même dire hier, que si les fœtus de six mois sont légalement viables, il est à peu près impossible, en pratique, d’élever les enfants qui naissant dans le cours du septième mois. Aujourd’hui, grâce à la couveuse et au gavage, le terme de la viabilité admise par les accoucheurs sera plus bas qu’autrefois, car j’ai pu faire vivre quelques enfants qui n’aivaient très vraisemblablement que six mois et quelques jours de vie intra-utérine. Pourra-t-on, à l’aide de ces moyens, élever des enfants n’ayant que six mois de vie intra-utérine *180 jours), ainsi que l’admet la loi française? Je suis très disposé à le croire. Pourra-t-on même, dans quelques cas exceptionnels, réussir à élever des enfants nés avant le cent quatre-vingtième jour? Je ne veux pas déscespérer d’y arriver.

M. Blot: Je suis heureux de constater que M. Tarnier paraît se ranger à l’opinion qu’il avait jadis combattue contre un grand nombre de nous, à savoir que le précision, lorsqu’il s’agit de fixer pour les enfants un mode d’administration du lait ou du mélange de lait nécessaire à leur alimentation, n’est pas plus possible que lorsqu’il s’agit d’établir l’âge exact de la vie utérine d’un nouveau-né.

Je rappellerai, à ce dernier point de vue, que le poids de l’enfant ne saurait fournir un moyen suffisant pour fixer cet âge. C’est ainsi que j’ai rapporté le cas d’un enfant incontestablement né à terme, qui ne pesait que 1300 grammes; et ce faible poids résultait de ce que l’utérus, d’ailleurs bien développé, était parsemé de foyers hémorrhagiques qui diminuaient son volume d’autant.

Quant à la couveuse, qui donne incontestablement de bons résultats, je lui reprocherai de n’ètre applicable qu’à l’hôpital, et de ne pouvoir jamais passer dans la pratique.

M. Tarnier: Je vous demande pardon, elle y est passée, et pas par mes mains.

M. Blot: Il y a d’ailleurs quelque chose de bien plus simple que la couveuse, qu l’on recontre partout et qui remplit le même but, c’est l’ouate dont on entoure l’enfant.

De même pour le gavage, vous pourrez peut-être le faire à l’hôpital, mais je doute fort qu’il soit applicable en ville.

M. Féréol: J’ai donné mes soins, il y a cinq ans et demi, à un enfant qui n’avait incontestablement pas plus de six mois et demi; il avait cet aspect gélatineux, rouge, les membres grêles que nous montrait tout à l’heure M. Tarnier. Il a été entouré d’ouate et d’eau chaude et surtout il a été merveilleusement soigné par ses deux grand’mères qui, se relayant tour à tour, lui donnaient d’heure en heure une cuillerée à café de lait de nourrice.

M. Tarnier: Je n’ai jamais eu l’intention de prétendre que l’on n’ait point obtenu de brilliants résultats avant la couveuse et le gavage; j’ai seulement voulu dire que les succès étaient alors extrêmement rares, tandis qu’aujourd’hui, en ajoutant aux soins d’autrefois les moyens que je viens d’indiquer, on réusira mieux et beaucoup plus souvent.

M. Blot a tenu à rappeler que j’ai déclaré autrefois qu’il fallait déterminer avec précision le mode d’alimentation des enfants nouveau-nés; mais il me croit revenu aujourd’hui à une autre opinion et je penserais que les règles de cette alimentation doivent rester indécises; mais il est dans l’erreur. La vérité est que j’ai fait, il y a longtemps, appel à la Commission d’hygiène de l’enfance, à l’Académie, au corps médical entier pour que chacun s’efforce de trouver les règles précises auxquelles l’alimentation artificielle des enfants devait être soumise. Je croupis dans l’ignorance à ce sujet…

M. Blot: Nous y croupissons tous, et il en sera toujours ainsi.

M. Tarnier: Je cherche encore la meilleur mode de coupage du lait et, puisque l’Académie n’a pas voulu se charger de cette recherche, j’espère arriver un jour à déblayer le terrain sur cette question difficile.

Quant à l’emploi du coton, n’en déplaise à M. Blot, je ne crois pas que jamais il puisse remplacer la couveuse. Mettez-en une montagne, si vous voulez, autour de l’enfant; celui-ci n’en respirera pas moins l’air extérieur; tandis que dans la couveuse, l’air pénétrant dans ses poumons aura une température chaude et bienfaisante.

Voici d’ailleurs une preuve de l’efficacité de la couveuse: Tous les accoucheurs ont vu bon nombre d’enfants pris de sclérème mourir promptement, malgré tous les soins prodigués; M. Depaul [2] a dit que sur vingt enfants pris du sclérème il en mourait seize. Or il suffit de placer ces enfants dans la couveuse pour qu’en vingt-quatre heures la résurrection soit complète; j’ai été un grand nombre de fois témoin de ce fait à la Maternité. Obtenez, si vous le pouvez, de tels résultats avec du coton.

M. Blot: Certainement, avec du coton et le massage.

M. le Président: M. Tarnier a vu avec quelle attention l’Académie a écouté sa communication; c’est qu’en effet, indépendamment de son intérêt scientifique, elle a le mérite de l’opportunité; à un moment où l’accroissement de la population subit, en France, un ralentissement inquiétant, il n’est pas indifférent d’apprendre de la bouche de M. Tarnier que, grâce à l’emploi de sa couveuse et du mode d’alimentation qu’il appelle le gavage, on peut sauver sept ou huit fois plus d’enfants nés avant terme qu’on ne le faisant avant; quand on est pauvre, il n’y a pas de petites économies.

Footnotes

[1] Avec l’appareil que j’ai décrit plus haut, quand on pince la sonde entre deux doigts, afin d’empêcher l’écoulement du lait, et qu’on fait tomber ce liquide dans la cupule, celle-ci contient environ 8 grammes de lait lorsqu’elle est remplie jusqu’au point où elle s’évase brusquement.

[2] Depaul, Dictionnaire encyclopédique, art. Nouveau-né, p. 675 à 690.

[English Translation by Google]

Gentlemen, Everyone knows that children born prematurely die in large numbers, and that, to have any chance of sustaining them, they must be surrounded by special care, at the top of which must be placed a relatively high temperature and a good food regulation. To these treatments, which have been very well described in an excellent memoir published on this subject by our colleague M. Guéniot, I have added two new means: the use of an incubator and force-feeding, which were one and the other put to good use for the two children whom I present to the Academy today.

The incubator, which has been in use for several years, has proved its worth, and it is well enough known for me not to describe it. The children I place there are kept there at a temperature which I have varied, depending on the subject, from 30 to 37 degrees centigrade, and which is all the higher as the child is weaker. I am not yet able to specify what is the best temperature; however I must say that I usually bring the temperature to 32 degrees. The children placed in the incubator remain there for a variable time, from a few days only up to six weeks. We take them out momentarily each time we want to clean them up or breastfeed them. These out-of-the-incubator cares had me, at first,

To the use of the incubator, I added force-feeding. After a few attempts which I had at first made from time to time, force-feeding has been regularly put into use at the Paris Maternity Hospital since October of last year, and I have already benefited from it a fairly large number of children born before term.

To practice this force-feeding, I make use of an apparatus which is a diminutive of that which Doctor Faucher employs for adults. The force-feeding device for children consists quite simply of a red rubber urethral catheter (No. 16 of the Charrière line). At the end of this probe, a glass cup is fitted, which is found in all manufacturers of surgical instruments and in all herbalists, where it is sold as an artificial nipple.under the name of my good friend Doctor Bailly. — With this small device, which everyone can improvise, nothing is easier than force-feeding a child: The latter being placed on the knees of the person who will carry out the force-feeding, the head slightly raised, the probe is wet, then introduced to the base of the tongue, and the child by instinctive swallowing movements makes it penetrate to the entrance of the esophagus; the probe is then gently pushed to make it travel the entire length of the esophagus, where it travels very easily. After a journey of about 15 centimeters, including the mouth and the esophagus, the end of this probe arrives in the stomach; the alimentary liquid is then poured into the cupule and soon this one, by its gravity, penetrates into the stomach and the cup is emptied as well as the probe which follows it. After a few moments the probe is withdrawn, but it must be done with a rapid movement because, if one proceeded slowly, the food liquid would follow the probe and be expelled by regurgitation.

What food should be chosen for force-feeding children? I tried donkey’s milk pure or cut either with sugar water or with butcher’s meat broth; I have thus obtained some success, but I believe, it will not surprise you, that woman’s milk is still preferable, and the nurse by pressing her breast can make her milk flow directly into the glass cup.

How many times should the child be force-fed in twenty-four hours? How much milk should enter the stomach with each gavage? Unfortunately it is impossible for me to answer these questions in a precise way, because the number of meals and the quantity of milk ingested must vary with the age and strength of the child, both at the beginning and during the lesson. breastfeeding by force-feeding. I will say in a moment how these questions have been clinically resolved for the two children before you. But if I had to establish a general rule, I would formulate it as follows: The meals will be all the more numerous and the quantity of milk ingested at each force-feeding will be all the less as the child is younger and weaker.[1]

With too copious force-feeding, a very curious phenomenon occurs: the child rapidly increases in volume and weight, but this increase is due to considerable edema of the whole body of the child. As this edema disappears quickly with a more moderate diet, I think we can explain it by hypernutrition . But if, instead of diminishing the quantity of alimentary liquid, we maintained it, and especially if we increased it, we would soon observe indigestion, and the children would succumb with gastritis and enteritis. Therein lies the greatest danger. To succeed, the milk must be ingested in small quantities at each meal, except to multiply the meals.

The child I have the honor to present to you is a twin born on June 8th. She remained in the incubator from June 8 to July 20, that is to say for six weeks.

Here is how her diet was conducted: From June 8 to 12, she was force-fed hourly with 8 grams of woman’s milk per force-feeding. — From June 12 to July 5, she was force- fed every three hours with 16 grams of woman’s milk per force-feeding. In the interval between two force-feedings, the nurse poured milk into her mouth; but we know how difficult it is to assess the quantity of milk ingested under these conditions, because children swallow badly and spit out part of the milk that is poured into their mouths. It is about the same when you want to ingest the milk by means of a teaspoon. — From July 5, the child suckled and was no longer force-fed.

The initial weight of this child was 1020 grams, but it decreased until June 29, when it was only 850 grams; from then on, it gradually went up, and the child now weighs 955 grams. These different weights are indicated day by day on the graphic plot that I put before your eyes.

You will ask me how pregnant this twin’s mother was when she gave birth. On this subject, I do not know anything precise and I cannot affirm anything, because questions of this kind are always very difficult to resolve, and, whatever the solution adopted, one can always oppose some doubt. All I can say is that the woman repeatedly said she was only six months pregnant. But this is a simple assertion. Still, the child weighed only 1020 grams, his skin was red, semi-transparent, his tissues had a gelatinous consistency. All her characters agree and make me think that this child was about six months old when she was born. But, I repeat, on this point I cannot affirm anything precise.

This woman’s other twin was placed in the incubator, where she remained until her death. She was fed exactly like her sister, whose story I have just traced. At her birth, June 8, she weighed 1105 grams, that is to say 85 grams more than her sister; then her weight fell to 1015 grammes, and this young lady died on July 3, after having lived twenty-five days. At his autopsy, no appreciable lesions were found. It is impossible for me to say why this twin succumbed, while the other, the smaller, survived. The second child that I present to you was born in Paris, in the city, with his parents, who kept him for three days by giving him a little sugar water to drink. At the end of this time, the doctor of the family having declared that this child would not rise if one did not place it in an incubator, it was brought to the Maternity, where it entered on May 23 of this year. He was placed in the incubator, where he remained until July 5, that is to say for forty-two days.

From May 23 to June 12, he had a meal every hour: at every odd hour, he was force- fed with 8 grams of woman’s milk; at every even hour a nurse poured milk into his mouth. From June 12, he began to suckle, but for two more days they continued to force-feed him four times in twenty-four hours. I must say why the force-feeding was continued, when the child could suckle: it is because the sucking of the nipple tires some children, and the feedings would soon be insufficient; that these children would eventually become numb and die of hunger if one did not take the precaution of maintaining and reviving their strength by force-feeding practiced from time to time. – – From June 14, the child in question here was able to nurse satisfactorily, When he entered the Maternity, three days after his birth, this child weighed 1100 grams. His weight went down to 1000 grams, then it went up gradually; today it is 1500 grams.

The parents of this child affirm that at the time of his birth he could not avoid more than six months and one week of intrauterine life. The child’s weight and appearance lead me to believe that this assessment is probably correct.

I am convinced that the two children you see owe their lives to the incubator and the force-feeding, and I think that with these two means we will succeed in saving a good number of children who, without them, would have succumbed. But after how long of intra-uterine life can a child born before term have any chance of being brought up? French law admits that a fetus is viable from the end of the sixth month of intrauterine life (180 days). Midwives, on the contrary, until recently professed, I could even say yesterday, that if six-month-old fetuses are legally viable, it is almost impossible, in practice, to bring up children who are born in the course of the seventh month. Today, thanks to the incubator and force-feeding, the term of viability accepted by midwives will be lower than in the past, because I have been able to support a few children who very likely had only six months and a few days of intrauterine life. Will we be able, using these means, to raise children with only six months of intrauterine life (180 days), as admitted by French law? I am very willing to believe it. Will we even be able, in a few exceptional cases, to succeed in bringing up children born before the hundred and eightieth day? I don’t want to despair of getting there.

M. Blot: I am happy to note that Mr. Tarnier seems to agree with the opinion which he had formerly fought against a large number of us, namely that precision, when it comes to fixing for children a mode of administration of the milk or the mixture of milk necessary for their food, is not more possible than when it is a question of establishing the exact age of the uterine life of a newborn.

I will recall, from this last point of view, that the weight of the child cannot provide a sufficient means of fixing this age. This is how I reported the case of a child unquestionably born at term, who weighed only 1300 grams; and this low weight resulted from the fact that the uterus, otherwise well developed, was strewn with haemorrhagic foci which diminished its volume accordingly.

As for the incubator, which incontestably gives good results, I would reproach it for being applicable only to the hospital, and for never being able to pass into practice.

M. Tarnier: I beg your pardon, it went through it, and not through my hands.

M. Blot: Besides, there is something much simpler than the incubator, which one meets everywhere and which fulfills the same purpose, it is the cotton wool with which one surrounds the child.

Same for force-feeding, you might be able to do it in the hospital, but I highly doubt it’s applicable in the city.

M. Féréol:: Five and a half years ago, I gave my care to a child who was incontestably no more than six and a half months old; he had that gelatinous, red aspect, the slender limbs that M. Tarnier showed us just now. He was surrounded by cotton wool and warm water and, above all, he was marvelously cared for by his two grandmothers who, taking turns, gave him a teaspoonful of breast milk every hour.

M. Tarnier: I never intended to claim that we did not obtain brilliant results before the incubator and force-feeding; I only wanted to say that successes were then extremely rare, whereas today, by adding to the care of the past the means that I have just indicated, we will succeed better and much more often.

M. Blot made a point of recalling that I once declared that it was necessary to determine with precision the mode of feeding of newborn children; but he believes me to have come back today to another opinion and I would think that the rules of this diet must remain undecided; but he is wrong. The truth is that, a long time ago, I appealed to the Child Health Commission, to the Academy, to the entire medical profession, to make every effort to find the precise rules to which the diet artificial children had to be submitted. I’m wallowing in ignorance about this…

M. Blot: We are all stuck in it, and always will be.

M. Tarnier: I am still looking for the best method of blending milk and, since the Academy did not want to undertake this research, I hope one day to be able to clear the ground on this difficult question.

As for the use of cotton, with all due respect to M. Blot, I do not believe that it can ever replace the incubator. Put a mountain of it, if you will, around the child; the latter will none the less breathe the outside air; while in the incubator, the air entering his lungs will have a warm and beneficial temperature.

Here is a proof of the effectiveness of the incubator: All the obstetricians have seen a good number of children affected by sclerema die quickly, in spite of all the care lavished; Mr. Depaul [2] said that out of twenty children taken from the sclerema, sixteen died. Now it suffices to place these children in the incubator so that in twenty- four hours the resurrection is complete; I have witnessed this fact many times in the Maternity. Get, if you can, such results with cotton.

M. Blot: Certainly, with cotton and massage.

M. le Président: Mr. Tarnier saw with what attention the Academy listened to his communication; it is that in fact, independently of its scientific interest, it has the merit of opportunity; at a time when population growth in France is undergoing a worrying slowdown, it is not indifferent to learn from the mouth of Mr. Tarnier that, thanks to the use of his incubator and the method of feeding which he calls force- feeding, one can save seven or eight times more children born before term than one did before; when one is poor, there are no small savings.


Footnotes

[1] With the apparatus I described above, when the probe is pinched between two fingers, in order to prevent the flow of milk, and this liquid is dropped into the cup, the latter contains approximately 8 grams of milk when filled to the point where it suddenly flares out.

[2] Depaul, Encyclopedic Dictionary, art. Newborn, p. 675 to 690.

Originally posted 5/6/2000 / Last modified 5/6/2000
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Last Updated on 11/30/25