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Death of Professor Budin – Gautier 1907

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Death of Professor Budin – Gautier 1907

Décès de M. P. Budin
[The Death of Professor Budin]

A. Gautier

Bulletin de L’Academie Nationale de Médecine pp. 163-167, January 29, 1907

M. le Président fait part du décès de M. P. Budin, et prononce l’allocution suivante:

Mes chers collègues,

La mort nous frappe de nouveau, Puisse-t-elle arrêter ses coups encore menaçants! Mardi dernier, au moment où l’on rendait à Javal les honneurs funèbres, notre excellent collègue Budin succombait à Marseille aux atteintes d’une pneumonie grippale. C’est une perte déplorable; le protecteur, le sauveur de milliers de vies humaines disparait ainsi en pleine et bienfaisante activité.

D’origine modeste, Pierre Budin, par son intelligence et son énergie, était parvenu à ce niveau supérieur où l’homme, grâce à sa position officielle, son savoir, son initiative éclairée, ses relations, peut réaliser les ambitions de son esprit ou de son coeur. Il ne rêvait que science, bienfaisance et amitié; beau rêve interrompu trop tôt; Budin meurt à 60 ans!

Il était né en Novembre 1846. Etudiant à Paris en 1867, interne quatre ans après; chef de clinique obstétricale en 1878, agrégé en 1882, il devenait professeur titulaire à la Faculté de médecine en 1898. Depuis 1889, il appartenait à notre Compagnie.

Elève et collaborateur de Tarnier, son nom, à cette époque déjà, s’était depuis longtemps imposé en obstétrique. Au cours de son internat, ses recherches sur la ligature tardive du cordon ombilical et le traitement de l’asphyxie du nouveau-né (1875) avaient attiré sur lui l’attention et généralement imposé une pratique très simple et très sage qui fait bénéficier l’enfant d’une quantité de sang relativement grande empruntée au placenta. En 1876, Budin présentait à la Faculté sa thèse de doctorat sur la mensuration de la tête du foetus et sur les conditions anatomiques qui, favorisant sa déformation durant l’accouchement, permettent le rétrécissement de ses diamètres occipito-mentonniers et occipito-frontal. Revenant sur ces vues en 1892, il les appliquait à l’étude de la progression de la tête de l’enfant dans les bassins rétrécis.

Je me borne à signaler encore, mais très rapidement, ses recherches sur les variations des organes génitaux de la femme et les considérations médico-légales qui en dérivent; sur les grossesses gémellaires; sur les considérations qui dictent, suivant les cas, le recours à la version ou au forceps, considérations qu’il rappelait en 1893 dans ses recherches sur l’accouchement après symphyséotomie.

Je rappelle encore d’un mot ses études des traumatismes de la femme pendant la parturition (thèse d’agrégation) sur les distocies; son céphalomètre, sa sonde à double courant pour lavages utérins, etc.

Dans le Traité de l’art des accouchments publié avec Tarnier (1886), il s’est montré l’utile et précieux collaborateur de son illustre maitre. En mourant, Tarnier, dans son testament, désignait Budin comme le seul héritier et continuateur de ce grand travail.

Le dernier ouvrage de notre regretté collègue fut son Traité pratique d’accouchements et d’allaitement publié en collaboration avec le Dr Demelin, agrégé. Budin n’expose pas seulement dans ce précis les meilleures méthodes obstétricales, il voulut y consigner toute sa pensée sur le rôle hygiénique et social que doit remplir l’accoucheur.

C’est que, quelque fùt le mérite comme professeur et comme savant de notre regretté collègue, son ambition était peu à peu montée plus haut que la science elle-même. Préoccupé de la mortalité très élevée des jeunes enfants et des causes de la dépopulation en France, il entrevit bientôt le rôle patriotique et humain qu’il avait à remplir. Il pensa qu’au lieu d’abandonner après l’accouchement, les méres et leurs enfants, il pouvait les aider jusqu’au sevrage de ses conseils pratiques, au besoin de ses bienfaits. Il leur demanda de revenir hebdomadairement à ses consultations, faire peser leur nourisson, et constater ou régler l’état de l’enfant, au besoin de la mère. Telle fut l’idée simple et bienfaisante, déjà conçue, et partiellement réalisée peu d’années avant, par le professeur Herrgott, de Nancy, d’où sortirent les Consultations de nourrissons.

La première, à Paris, fut établie par Budin, en 1892, dans son service de la Charité. Grâce à lui ces Consultations se répandirent ensuite en province, là surtout où il y avait le plus de misère.

Par ces Consultations s’établit un incessant et systématique contrôle de l’élevage des jeunes enfants au moins jusqu’au sevrage. En même temps la mère recevait, suivant ses besoins, du lait authentique, quelquefois de petits secours, mais surtout des indications d’hygiène pratique pour elle et son enfant. Peu à peu, cette heureuse combinaison de soins contrôlés et de conseils protecteurs fut comprise, acceptée et appliquée par toutes les associations françaises ou étrangères, ayant pour but la protection de la première enfance, l’allaitement maternal ou artificiel, les gouttes de lait en France, les Milk-dépôt en Angle-terre, etc. Ainsi se répandirent et se popularisèrent les utiles principes d’hygiène appliqués à l’élevage de l’enfant, les bonnes pratiques pour le choix ou la stérilisation du lait. Contrôlés eux-mêmes, éleveurs et industriels se hâtèrent de fournir leur lait pur et à bon marché.

En même temps, généralisant la portée de cette oeuvre si utile, sous les auspices de Waldeck-Rousseau, et avec le concours de deux grands philanthropes, notre vénéré ancien collège Théophile Roussel et M. le sénateur Paul Strauss, Budin fondait la Ligue contre la mortalité infantile qui essaye de lutter par tous les moyens: conférences, publications, secours, etc., contre l’ignorance et la misère qui nous enlévent encore tant de jeunes enfants. Les résultats de tous ces efforts ne se firent pas attendre. Budin les expose dans son Rapport à la Commission extraparlementaire de la dépopulation, rapport où il établit des enfants du premier âge partout où fonctionnent ces utiles créations [1].

C’est en allant à Marseille surveiller l’établissement de l’une de ces Consultations de nourrissons qu’il contracta la grippe dont il est mort. Il tombe victime de son dévouement; mais à sa place vivent et se perpétueront ceux qu’il sauva si généreusement, et qui ignoreront toujours même son nom!

Doué d’une grand puissance de travail, d’une volonté ferme et tenace dans un corps un peu débile, Budin s’assimilait aussitôt tout ce qui l’intéressait. Il jugeait les choses et les hommes avec sou sens pratique et les faisait servir à l’exécution de ses desseins. En obstétrique, il fut un diagnosticien impeccable plus qu’un opérateur. Passionné de son art, toujours courtois et loyal avec ses amis et ses émules, aimé de ses élèves, il exigeait d’eux la discipline sévère qu’il s’appliquait à lui-même. La veille de sa mort il dictait à son secrétaire ses dernières instructions sur la protection de la première enfance et sur les nouvelles Consultations qu’il voulait que l’on créât après lui.

Esprit cultivé, Budin se délassait de ses préoccupations ordinaires par la littérature, les arts et l’amitié. Cette amitié ne lui fit pas défaut: Ceux qui, comme moi, ont suivi ses obsèques en sont revenus avec le sentiment de la tristesse profonde que la disparition de cet homme laisse dans bien des coeurs. Il n’a voulu ni pompe, ni discours, ni prières, mais dans le silence qu’a fait la tombe, j’entends des milliers de voix qui s’élèvent pour acclamer leur bienfaiteur. (Assentiment unanime.)

Footnotes

[1] On trouvera un résumé de tous ces faits dans l’ouvrage de Budin, Le Nourrisson (Paris 1900).

The President announced the death of Mr. P. Budin and delivered the following address:

My dear colleagues,

Death strikes us again, may it stop its still threatening blows! Last Tuesday, at the moment when Javal was being given funeral honors, our excellent colleague Budin succumbed to influenza-like pneumonia in Marseille. It is a deplorable loss; the protector, the savior of thousands of human lives thus disappears in the midst of his beneficial activity.

Of modest origin, Pierre Budin, through his intelligence and energy, had reached that higher level where a man, thanks to his official position, his knowledge, his enlightened initiative, his connections, can realize the ambitions of his mind or his heart. He dreamed only of science, charity, and friendship; a beautiful dream interrupted too soon; Budin died at the age of 60!

He was born in November 1846. A student in Paris in 1867, an intern four years later; head of the obstetric clinic in 1878, agrégé in 1882, he became a full professor at the Faculty of Medicine in 1898. Since 1889, he belonged to our Company.

A student and collaborator of Tarnier, his name, at that time, had already long been established in obstetrics. During his internship, his research on the late ligation of the umbilical cord and the treatment of newborn asphyxia (1875) had drawn attention to him and generally imposed a very simple and very wise practice which allows the child to benefit from a relatively large quantity of blood borrowed from the placenta. In 1876, Budin presented his doctoral thesis to the Faculty on the measurement of the fetal head and the anatomical conditions that, by promoting its deformation during childbirth, allow the shrinking of its occipito-mental and occipito-frontal diameters. Returning to these views in 1892, he applied them to the study of the progression of the child’s head in narrowed pelvises.

I will limit myself to mentioning once again, but very briefly, his research on the variations of the female genital organs and the medico-legal considerations that arise from them; on twin pregnancies; on the considerations that dictate, depending on the case, the use of version or forceps, considerations that he recalled in 1893 in his research on childbirth after symphysiotomy.

I would also like to briefly mention his studies of trauma in women during childbirth (agrégation thesis) on distocies; his cephalometer, his double-current probe for uterine lavage, etc.

In the Treatise on the Art of Childbirth published with Tarnier (1886), he proved to be a useful and valuable collaborator of his illustrious master. Upon his death, Tarnier, in his will, designated Budin as the sole heir and successor of this great work.

The last work of our late colleague was his Practical Treatise on Childbirth and Breastfeeding, published in collaboration with Dr. Demelin , agrégé. In this compendium, Budin not only sets out the best obstetric methods, but also wanted to record all his thoughts on the hygienic and social role that the obstetrician must fulfill.

This is because, whatever the merit of our late colleague as a professor and scholar, his ambition had gradually risen higher than science itself. Concerned about the very high mortality rate of young children and the causes of depopulation in France, he soon foresaw the patriotic and humane role he had to fulfill. He thought that instead of abandoning mothers and their children after childbirth, he could help them until weaning with his practical advice, and if necessary with his kindness. He asked them to return weekly to his consultations, to have their infant weighed, and to note or regulate the child’s condition, if necessary, by the mother. This was the simple and beneficial idea, already conceived, and partially realized a few years before, by Professor Herrgott, of Nancy, from whom the Infant Consultations emerged .

The first, in Paris, was established by Budin in 1892, in his Charity department. Thanks to him, these Consultations then spread to the provinces, especially where there was the greatest poverty.

Through these Consultations , a constant and systematic control of the upbringing of young children was established, at least until weaning. At the same time, the mother received, according to her needs, authentic milk, sometimes small aids, but above all, practical hygiene instructions for herself and her child. Little by little, this happy combination of controlled care and protective advice was understood, accepted and applied by all French and foreign associations, whose aim was the protection of early childhood, breastfeeding or artificial feeding, milk drops in France, Milk-depot in England, etc. Thus, useful hygiene principles applied to child rearing, and good practices for choosing or sterilizing milk, spread and became popular. Controlled themselves, breeders and manufacturers rushed to supply their milk pure and cheaply.

At the same time, generalizing the scope of this very useful work, under the auspices of Waldeck-Rousseau, and with the help of two great philanthropists, our venerated former college Théophile Roussel and Senator Paul Strauss, Budin founded the League against Infant Mortality which tries to fight by all means: conferences, publications, aid, etc., against the ignorance and poverty which still take so many young children from us. The results of all these efforts were not long in coming. Budin sets them out in his Report to the Extra-Parliamentary Commission on Depopulation , a report in which he establishes early childhood institutions wherever these useful creations operate [ 1 ].

It was while going to Marseille to supervise the establishment of one of these infant consultations that he contracted the flu from which he died. He fell victim to his devotion; but in his place live and will perpetuate those whom he so generously saved, and who will always ignore his name!

Gifted with great work ethic and a firm and tenacious will in a somewhat weak body, Budin immediately assimilated everything that interested him. He judged things and people with his practical sense and made them serve the execution of his designs. In obstetrics, he was an impeccable diagnostician more than an operator. Passionate about his art, always courteous and loyal to his friends and his followers, beloved by his students, he demanded from them the strict discipline that he applied to himself. The day before his death, he dictated to his secretary his final instructions on the protection of early childhood and on the new Consultations that he wanted to be created after his death.

A cultivated mind, Budin relaxed from his ordinary preoccupations through literature, the arts, and friendship. This friendship did not fail him: Those who, like me, attended his funeral returned with a sense of the profound sadness that the disappearance of this man leaves in many hearts. He wanted neither pomp, nor speeches, nor prayers, but in the silence left by the tomb, I hear thousands of voices rising to acclaim their benefactor. ( Unanimous assent. )

Footnotes

[1] A summary of all these facts can be found in Budin’s work, Le Nourrisson (Paris 1900).


Transcribed from the French original 2/4/2000
Converted to WordPress 7/6/2025
English translation by Google Translate 7/6/2025
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Last Updated on 07/06/25